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15 sujets de 1 à 15 (sur un total de 931)
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  • René
    Maître des clés

      Pour ceux qui n’ont pas le temps d’écouter, vers 1H13, la vidéo est calée au bon endroit, une intervention quasi prophétique de Gabriel Galice de 2017 (GIPRI)

      Il explique comment/pourquoi la Charte des Nations Unis n’est pas respectée, en ce qu’elle est pilotée dans les coulisses par l’Otan, grâce aux articles 46 et 47 du Conseil de Sécurité.

      René
      Maître des clés

        L’obligation vaccinale contre la covid 19 assortie d’une suspension sans rémunération n’a pas été abrogée. Pourtant une proposition de loi a été votée par l’Assemblée nationale le 4 mai 2023. Le Sénat, saisi de cette question, ne s’est toujours pas prononcé sur celle-ci.
        Le pladoyer de Maître David GUYON pour l’abrogation de l’obligation vaccinale est remarquable du point de vue « démocratique », mais aussi éthique et scientifique. A écouter sans réserve.

        René
        Maître des clés
          Compte rendu: Le désir selon Deleuze-Guattari, de quoi s’agence-t-il ?

          Nous étions une dizaine de participants.

          Je vais aller directement à notre conclusion, et remonter vers notre argumentation : le désir apparait comme auto-déterminant de notre « personne ». Cela signifie que notre manière de le concevoir, que ce soit d’un point de vue freudien, schopenhauerien, spinozien ou deleuzien, change complètement la perspective dans laquelle on se projette. Notre manière de concevoir le désir revient à définir ce qui fait vérité pour soi, à prédéfinir une ontologie et subséquemment, un ensemble de déterminations. Néanmoins, lorsqu’on compare les différentes écoles de pensée, des constantes structurantes profondes ne sont pas à écarter.

          Passons outre les catégories du désir étagé selon un modèle de pyramide ou un autre, et attachons-nous à saisir une dynamique des désirs qui s’inscrit dans nos relations aux autres (intimes, proches, familles, cercles sociaux restreints, associations, travail, société et disciplines académiques, …etc).

          On comprend ce point de vue où l’on croit voir certaines personnes n’être concernées que par elle-même, par la préoccupation de leur image, de leurs intérêts immédiats, comme si elles se réduisaient à un individualisme strict et à sa biologie. La philosophie de Schopenhauer pourrait illustrer ce point de vue. En dépit de quelques fulgurances lucides, Schopenhauer ne voit pas l’être humain partager de l’affection, créer des liens d’attachement ou coopérer, il le comprend comme répondant de sa biologie (de sa génétique). Le reste n’est qu’illusion ou volonté de représentation cherchant à se tromper elle-même (1). Freud, de son côté, voit dans le désir la résultante d’une névrose. En effet, le désir cherche à compenser la perte d’un lien primordial, le cordon ombilical qui relie la conscience du bébé à sa mémoire fœtale. La libido qui résulte de cette rupture façonne ainsi son fameux complexe d’Œdipe, dont Freud postule à tort l’universalité. L’homme est malade de son désir coupable, et il s’y adapte dans une lutte (à mort ?) qu’il mène entre sa mère et son père.
          Il y a donc des théories du désir qui structurent et prédéterminent l’apprentissage de nos désirs. Or, indépendamment des théories et de nos cultures respectives, nous passons tous par des désillusions, par des blessures, des ruptures, par l’expérience de nos limites, voire par le sentiment d’une perte possible de la puissance de désirer (dépression plus ou moins profonde, voire mélancolie). Nous faisons tous, à différents degrés, l’expérience de la vanité.
          Il semble qu’il y ait là une expérience assez fondamentale (existentielle) à partir de laquelle se construit une philosophie de vie soit, pessimiste, et qui conduit à des formes de résignation ou de pathologie (Schopenhauer, Freud), soit optimiste, entendue comme ouverte sur un horizon élargi, et non enclos sur lui-même (Deleuze/Guattari, Spinoza, Dewey).

          Il s’agit bien de se questionner sur le type d’apprentissage qui se joue par rapport au concept que nous avons du désir. Il ne s’agit pas de se remonter le moral ou d’entretenir des espoirs vains. La question se rapporte au type d’apprentissage auquel le désir nous invite. A ce titre, nous pouvons distinguer trois grands registres pour structure une idée de cette apprentissage :
          – ce qui se joue par rapport à soi (ce contre quoi je lutte par rapport à mes désirs et/ou comment je les accompagne)
          – ce qui se joue par rapport à autrui (la place que je lui donne, que je me donne, ce qui se joue dans l’interaction, comment on se compose l’un par l’autre et dans nos interactions).
          – Ce qui nous dépasse, c’est-à-dire, comment nous observons, comprenons, intégrons le fait que nous ignorons la raison de nos désirs (Pascal). Le désir s’impose à nous tel qu’il se donne à notre conscience immédiate. Il nous revient alors de comprendre comment il s’agence, d’où il vient. Mais précisons davantage la part de ce désir qui se compose dans ce qui nous dépasse.

          La part qui nous dépasse dans le désir est à entendre comme le fait que nous ne sommes pas les auteurs de nos désirs, ils nous animent sans que nous sachions d’où ils viennent. Nous percevons bien que nos désirs ont été façonnés, structurés par notre éducation, par l’ambiance familiale, les mœurs et la culture de notre milieu. En ce sens, ils nous dépassent, nous en héritons, mais ils nous dépassent également, car nous ne percevons pas immédiatement le chemin qu’ils empruntent lorsqu’ils se présentent à notre conscience tantôt comme des signes, tantôt comme des appels, des élans, comme des évidences ou des réticences. Nous sommes connectés ou pré-connectés à eux sans que nous le sachions véritablement. Ainsi, les désirs nous précèdent. Ils se présentent à notre conscience, nous pouvons alors les découvrir, les reconnaître, les accompagner, les canaliser. Mais nous pouvons tout aussi bien les refouler, les nier, vouloir les dépasser ou encore nous évertuer à les transformer. Dans ce cas, nous le faisons selon la philosophie que nous avons adoptée consciemment, délibérément ou nous le faisons passivement et selon l’influence que notre milieu exerce sur nous. Il y a là un interstice, une zone de flou ouverte et indéterminée, c’est possiblement un espace où se joue notre liberté, notre capacité à nous distancier de nous-même et à mettre en suspens notre pensée. Il s’agit alors, lorsque cette zone d’espace est suffisamment stabilisée, de se donner des repères de conscience lucide indépendamment de notre subjectivité enfermée sur elle-même. Là démarre une capacité à philosopher entendue comme une capacité à s’orienter dans la pensée, à la mettre en dialogue, à l’examiner. C’est une aptitude métacognitive et de plein conscience lucide.

          De ce point de vue, quoi que nous fassions de nos désirs, que ce soit de la manière dont ils se présentent à notre conscience ou selon la philosophie que nous avons adoptée à leur propos (platonicienne, stoïcienne ou jungienne – ou de Freud et de Schopenhauer), il y aura action et réaction : nos affects transforment nos désirs ou ceux-ci nous transforment. La question se pose de savoir qui transforme qui, est-ce nos désirs qui nous font (mode passif) ? Est-ce nous qui en faisons quelque chose (mode actif, conscient, délibéré, philosophé) ? Mais, prenons un exemple pour faire le lien avec la question de l’agencement du désir selon Deleuze et Guattari.

          Si je suis attiré par une personne ou intéressé par une formation, l’agencement général du désir est fonction de quatre ordres :
          1° la chose désirée est relative à l’image dont elle bénéficie dans un environnement et une culture donnée,
          2° le désir-projet est représenté en soi et on envisage qu’il peut permettre d’atteindre un objectif donné, selon des compétences et/ou des encouragements que l’on imagine avoir ; ou encore, selon la philosophie que l’on parvient à se donner en conscience et délibérément.
          3° Ce désir-projet est délimité par un espace, relatif à une géographie donnée,
          4° la chose désirée subit ses propres agencements et se trouve également dans un rapport à d’autres formes de concurrences.

          Pour cette raison, le désir est à la fois multi-construit et multi relié, les interstices entre les différents champs sont relatifs à des représentations et à des rapports que l’on imagine entre les choses. La raison adéquate, pour faire le lien avec Spinoza, est celle qui voit, imagine ou laisse ouvert les rapports entre les choses de sorte à ne pas se laisser enfermer dans une philosophie ou une autre. Car, du point de vue de la géométrie de l’Éthique, Dieu est une substance (non une essence), ses attributs sont infinis et l’homme n’en connait essentiellement que deux et seulement dans certaines limites, ceux liés aux modes des étendus (la matière) et ceux liés à la pensée, d’où l’idée qu’une raison adéquate peut faire le lien et percevoir (avoir un perçu) de la raison (un potentiel) de toutes choses.

          En conclusion, notre manière de vivre bien nos désirs, de mal les vivre ou de viser un accomplissement est fonction de notre manière de nous figurer d’une part, les composantes de leurs agencements et, d’autre part, la possibilité d’entrevoir la raison de toutes choses. Pouvez-vous vous figurer la joie que représente un perçu potentiel de la connexion de toute chose à elle-même ? L’idée de ce perçu peut, à lui seul, laisser entrevoir la potentialité d’une joie sans limite. Certaines douleurs, pénibilités, limites peuvent tenir non pas seulement à des traumas ou à des mémoires douloureuses, mais également à une manière de comprendre l’agencement de leur composition, ainsi que les rapports qu’elles entretiennent avec le monde et tout ce qui le compose. Naturellement, ces choses et le monde dépassent ce que nous pouvons nous consciemment représenter, mais pas nécessairement ce qu’inconsciemment, nos percepts peuvent en capter dans d’une essence, entendue au sens spinozien.

          Des ressources :
          – Shopenhauer : Le monde comme volonté et comme représentation. Voir ici, le site qui lui est dédié.
          Notre forum sur le cours de Spinoza de Deleuze.
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          René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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          René
          Maître des clés

            L’interview des journalistes d’investigation Catherine Riva et Serena Tinari est republiée par le média Anti-Thèse. Leurs analyses datent de 2022 restent d’actualité et sont depuis largement confirmées.

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            René
            Maître des clés

              L’interview est organisée par un média indépendant Belge, il comprend notamment une série de questions posées par différents contradicteurs. C’est excellent.
              Pour l’anecdote, l’épouse de Pierre Chaillot s’était présenté aux élections municipales du côté de gauche insoumise. Ils observaient à l’intérieur de la gauche une scission entre les « mondialistes libérales souverainistes » venus rejoindre la France Insoumise pour augmenter leurs chances d’être élus.
              On comprend avec ce type d’arrangement comment la gauche se divise et où se dessinent les lignes de partage.
              En bref, il y a une gauche mondialiste sur le plan financier, mais qui souhaitent seulement redistribuer davantage. Celle-ci ne peut rien changer, car elle suivra l’ordre mondialiste financier. Et, il y a une gauche souverainiste qui se rapproche plutôt d’une pratique économique à l’échelle du réel et des régions, qui serait ainsi proche des citoyens et qui peuvent prétendre aussi plus écologiques.

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              René
              Maître des clés

                Comment le gouvernement Macron organise la police, la justice et les instituions pour réprimer la liberté, toute liberté, y compris celle des écologistes.

                Surveillance démesurée, intimidations fréquentes, procès disproportionnés : depuis quelques années, les militants écolos sont épiés par les renseignements, malmenés par la police, et sévèrement traités devant les tribunaux.
                Anthony Cortes, journaliste spécialisé sur les questions écologiques et auteur avec Sébastien Leurquin de l’Affrontement qui vient : de l’éco-résistance à l’éco-terrorisme.

                La vidéo est chapitrée (vous pouvez écouter la partie qui vous intéresse).
                CHAPITRES :
                00:00 – introduction
                00:50 – Pourquoi s’intéresser à ce sujet ?
                02:30 – Radicalisation du mouvement écolo
                05:13 – Le sabotage
                07:00 – L’État force l’aménagement du territoire
                10:30 – Deux poids, deux mesures concernant les oppositions
                12:23 – L’acharnement policier et judiciaire
                15:50 – Les écoutes téléphoniques
                20:12 – La dérive sécuritaire
                27:12 – Les « fiches S »
                30:17 – Les services de renseignement
                35:30 – Les méthodes du renseignement
                38:05 – Surveillance politique
                41:30 – Les luttes locales
                44:42 – Andreas Malm
                49:30 – La répression dans d’autres pays

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                René
                Maître des clés

                  Une analyse approfondie, intéressante, documentée pour comprendre comment le gouvernement israëlien s’est radicalisé ? Ou comment une démocratie ne l’est plus par la manigance des alliances et des polarités les plus extrêmes placées à la tête des ministères et des institutions.

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                  René
                  Maître des clés
                    Compte rendu : Qu’est-ce que la mort enlève ou apporte à l’Homme ?

                    Nous étions 11 participants (dont 3 nouveaux), tout le monde s’est exprimé.

                    Quatre grandes problématiques se sont dégagées de notre échange :
                    1° distinguer la mort pour soi, en soi (comment on se la représente, comment on « amortit » l’idée de sa propre mort, son inéluctabilité).
                    2° Comment la mort s’éprouve par le manque des personnes que l’on perd.
                    3° Comment la mort est prise en charge (considérée, ritualisée) par un collectif et ou une société.
                    4° Et, en premier lieu, comment découvre-t-on que l’on meurt ?

                    Ce n’est pas la mort de soi qui apparaît en premier, l’idée de notre mort vient par la rencontre avec la mort d’autrui, que ce soit celle d’un animal de compagnie, celle d’un proche ou d’un inconnu. La mort de l’autre renvoie à la sienne. A partir de là, comment les représentations autour de la mort vont-elles se tisser, la sienne, celle de l’autre, celle que la société et/ou du groupe d’appartenance dans lequel on se sent le plus proche ? Comment ces différentes représentations du « mourir » et du « partir » s’appréhendent-elles ? Mais mourir, est-ce partir ? L’euphémisme traduit l’idée d’un ailleurs, d’un prolongement, d’une perpétuation.

                    Il nous a fallu nous rendre à l’évidence, la mort, à strictement parlé, ne se pense pas. En tant qu’absence, elle reste insaisissable. Nous n’appréhendons qu’une idée de la mort, une abstraction et chacun le fait par des aspects et selon des affects, des expériences qui sont fonction de son dialogue intérieur. Ainsi, si l’on a été soldat, prisonnier des camps, atteint de maladie grave, accidenté ; si l’on a seulement imaginé « mourir », cru qu’on allait mourir, etc., l’expérience et les leçons que nous en tirons sont propres à chacun. Mais, c’est par là-même que se révèle le singulier en nous, par le dialogue que nous construisons en rapport avec cette rencontre à notre absence représentée. Pour certaines personnes, l’idée de mort reste traumatisante, pour d’autres, elle est plus ou moins amortie, mais elle peut être oubliée en apparence ou refoulée aussi loin que possible de ses préoccupations. Dans tous les cas, la question de la mort ne peut être ignorée, et chacun s’accommode d’une philosophie de la vie adossée à l’ombre de cette absence (1°Heidegger, le souci de l’être). La conscience de la mort sera traitée inégalement selon le degré de pression dont on la sait inéluctable et selon les leçons que chacun souhaite en tirer. Parlons pour ceux qui la pensent délibérément et ceux qui se trouvent autour de cette table. L’idée que l’on se fait de la mort, de ce dont elle est prise de conscience, se met à jour dans un rapport d’introspection et de dialogue que chacun entretient avec lui-même, et qu’il met possiblement en partage autour de la table de nos échanges.

                    La mort, c’est la vie.
                    Du point de vue biologique, certes, la mort, c’est la vie, puisqu’elle en permet la régénération. Une fleur doit faner pour disséminer ses graines, tandis que les espèces animales, si elles ne mouraient pas, la planète ne suffirait pas à les contenir toutes. Il n’y aurait alors ni évolution des espèces ni régénération. La mort est et s’apparente ainsi au renouvellement de la vie. Toutefois, du point de vue de notre vécu intrapersonnel, disparaitre est révoltant, choquant et, si la mort, selon les apprentissages de chacun, est ironisée, acceptée ou bravée, initialement, elle est le lieu d’un positionnement intérieur à assumer. Pour celles/ceux qui la gardent présente à leur esprit, la conscience de la mort s’inscrit comme le déclencheur d’une recherche de sens de la vie, elle invite alors à rechercher ce qui fait valeur pour soi, ce qui sera tenu pour le plus précieux dans l’intime de son propre regard. Pour les autres, la mort reste comme une ombre indistincte, tapie dans l’obscurité, elle est source de nombreuses angoisses fantasmées. Mais où se trouvent le cœur des valeurs, de ce qui fait vie pour ceux qui s’efforcent de répondre à cette question ?

                    Dans quoi se love le précieux ?
                    Il y a la forte idée de valeur de transmission. De là, on devine la valeur de la procréation, mais précisément, il ne s’agit pas seulement de promouvoir sa vie génétique, car la seule part animale de notre être peut s’en contenter. D’ailleurs, c’est un autre être qu’un double de soi qui est produit, puisqu’il résulte d’une union, d’un agencement à chaque fois singulier des potentialités des deux. Le précieux semble se tenir dans un rapport d’attention psycho-affectif à l’autre, puisque c’est par l’autre que la vie nous vient, c’est dans notre rapport à l’autre qu’elle s’éprouve. Le paradoxe étant que c’est également dans un rapport à l’autre que tout peut se perdre, qu’on peut le perdre et qu’on peut se perdre.

                    Tout perdre, se perdre, perdre l’autre.
                    Nous n’avons pas creusé spécifiquement ce triptyque : tout perdre et se retrouver esseulé comme au premier jour ; se perdre et ne plus avoir aucun repère ; perdre l’autre et ne plus avoir à quoi se rattacher. Une telle expérience peut se vivre d’un seul coup lors d’un brutal événement, lors d’une rupture de lien ou lors d’une prise de conscience, et il peut prendre du temps pour s’en remettre. Mais la perception de ce danger, éprouvé plus ou moins dans le profond de la conscience de chacun, semble suggérer ce questionnement existentiel : comment rester « sain » psychologiquement parlant tout en vivant/accomplissant sa vie ? Où trouver un semblant de sérénité, un équilibre dans une vie où tout passe ? Il y a ainsi un axe double par rapport auquel construire/stabiliser notre caducée, l’axe pratique pragmatique, il s’agit de trouver des réponses de vie et un axe réflexif qui serait le lieu d’une pensée abstraite, puisque la mort et l’au-delà ne sont perçus que par représentations, et non en termes d’une expérience de laquelle on revient.

                    On observe que certains s’adonnent à la méditation (rapport de détachement à la vie, recherche éventuelle de transcendance), d’autres consacrent leur vie à un accomplissement social (la réalisation de soi est fonction de ce qu’on accomplit dans la vie), d’autres font de leur famille le but de leur vie (l’intime compte plus que tout). Mais, dans tous les cas, la plupart d’entre nous combinons un ensemble de ces trois approches avec des variantes d’intensité et d’intérêt selon le pôle qui est travaillé (détachement, accomplissement interactionnel-social, rapport à l’intime et à ses proches). On comprendra qu’il ne s’agit pas pour nous de juger des positions de chacun, d’autant plus que nos priorités et nos affects évoluent. En loin, on observe qu’il s’agit de pouvoir se retrouver « serein », de ne rien regretter et, en fin de vie, de pouvoir se regarder dans les yeux, de s’assurer avoir donné le meilleur de soi… en toute humilité. En effet, puisque l’on ne peut être certain de rien, il ne reste qu’à assumer tranquillement cette position agnostique. Mais, et c’est là où il y a probablement une dispute, à la fois dans la manière de concevoir cette sérénité et dans les conditions de sa réalisation. Ne pas juger des choix d’autrui et n’être certain d’aucun savoir dans l’absolu ne rend pas tous les savoirs égaux et équivalents entre eux. Certains choix valent mieux que d’autres par leurs effets et conséquences.

                    Reprenons : si la sérénité pour soi est première, on se demande ce que vaut l’autre, c’est-à-dire, notre alter-ego et, inversement, si je me suis donné à l’autre, que vaut ma conscience pour soi ? On ne peut désintriquer la question car nous avons vu que nous nous façonnons les uns par les autres (dans l’intime, dans nos représentations, dans nos accomplissements, dans l’intime même de nos interactions avec l’autre, etc.) Certes, cette composition de soi ne se joue pas tout en même temps, il y a des temporalités différentes et des conditions spécifiques pour chaque niveau de réalisation de cette construction de soi.
                    La question se pose de faire un pas de côté, c’est-à-dire, à côté de soi, un pas décentré du souci permanent de soi de sorte à se forger une capacité lucide, et non seulement sereine. Oui, la sérénité ne vaudrait que pour soi, tandis qu’un rapport lucide de soi comme d’autrui et de nos actes renvoient à une conscience non centrée sur soi. Il y a là, à nouveau, un double décentrement à opérer : jauger de la valeur de nos « interactions » avec autrui, la société, notre famille, etc., la question qui se pose est : sommes-nous porteurs de vie ? Et, par ailleurs, jauger de la pertinence de notre « philosophie » de vie, c’est-à-dire, de la valeur de la construction et du pragmatisme de nos abstractions. Par exemple ?
                    En adoptant un regard à la fois spinozien et pragmatique, on peut se demander : ai-je augmenté ma joie ainsi que celle d’autrui dans mes rapports à lui et dans les actes de la vie ? Sur le plan pragmatique-lucide, comment ai-je structuré/organisé ma pensée pour juger de sa pertinence par rapport au réel et par rapport à mes choix ? En effet, tout ne se vaut pas, aimer telle ou telle personne, faire tel ou tel choix entraine son lot d’effets et de conséquences à plus ou moins large échelle.

                    Pour conclure, essayons d’objectiver les réponses à nos questions.
                    On peut observer indirectement, grâce à ce pas de côté, ce qu’on laisse à autrui de notre présence. Par exemple, à notre mort, le souvenir de nos apports, de nos actes survivra dans la conscience de nos enfants, de nos partenaires de travail et/des quelques amis que nous nous sommes faits. Après chacun de nos actes, on peut également se recentrer et examiner nos actions, leurs limites et leurs potentialités dans leurs effets. Estimons-nous être en accord avec notre conscience du moment, avec les valeurs que nous défendons ? Nous trouvons-nous en contradiction avec nous-mêmes ? Devons-nous revoir les bases de notre pensée et/ou de notre comportement ? Nous sommes-nous résignés trop tôt, habitués trop tôt aux imperfections de la vie et ses déceptions ? Nous sommes-nous sacrifiés pour les autres sans qu’ils ne se rendent compte de rien ? Sommes-nous amers et/ou désolés des choix que nous avons faits, des retours que nous en avons ? Sommes-nous aigris ? Sommes-nous heureux du devoir accompli et de l’héritage (psychologique et/ou matériel) que nous laissons à nos proches, à nos enfants ? Avons-nous tout donner dans l’image qu’autrui attendait de nous ? Avons-nous tout donner ou trop à la réussite matérielle, nous sommes-nous perdus quelque part ? Sommes-nous prêts à quitter cette vie lors d’une fête d’adieu heureuse ? Sommes-nous perdus dans nos larmes d’avoir si peu fait ou sommes-nous crispé d’angoisse devant l’inconnu ? La perception que nous avons de ses réponses nous peut nous informer un chouia sur la qualité de notre rapport à nous-mêmes et à autrui.

                    Ps : nous n’avons pas vraiment exploré le comportement ou l’état d’esprit de ceux qui préfèrent oublier la mort, la refouler, la projeter dans l’idée d’un homme augmenté ou dans les contradictions d’un consumérisme délétère pour la planète, car autour de notre table, nous ne nous reconnaissons pas vraiment dans ces profils. Néanmoins, on peut supposer que l’angoisse aveugle ces personnes ou qu’une sorte de narcissisme leur interdit de penser aux conséquences de leur acte sur autrui (soi-même comme un autre) et qu’une sorte d’arogance les autorisent à penser pour et à la place des autres.

                    Note 1. Heidegger, le souci de l’Être se rapporte à une ontologie de l’Être. La conscience ne peut ignorer qu’elle est et qu’elle héberge un être qui mourra. En conséquence, toute notre vie s’adosse à cette conscience, qu’on le veuille ou pas (voir ici le cours du Précepteur)
                    Dans notre échange, nous observons que chacun assume l’idée de la mort, nous avons donc exploré cette idée-expérience à l’aune de notre conscience du moment, et non à l’aune des généralités que l’on trouve partout (les gens ont peur de la mort, ils refusent la mort, etc.) C’est certainement vrai, mais nous pensons préférable de faire philosphie à partir de ce que nous pensons nous, et à partir de la possibilité d’examiner notre propre pensée dans une réflexion à elle-même.

                    Ps : les participants sont les bienvenus pour exprimer un point de vue, pour énoncer une idée ou un question qui retient leur attention. Tout le monde est le bienvenu pour réagir à ce compte rendu.

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                    René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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                    en réponse à : La psychologie de l’évolution, est-ce de la philosophie ? #4500
                    René
                    Maître des clés

                      L’ère de l’anthropocène demande que nous sachions penser notre rapport aux vivants, car nous en dépendons, comme il dépend de nous.

                      Les 5 causes de destruction de la biodiversité :
                      – destruction des habitats,
                      – surexploitation des ressources,
                      – changement climatique,
                      – pollution de l’eau, de l’air et des sols,
                      – espèces envahissantes.

                      Autres idées retenues (de mémoire) :
                      C’est davantage le déplacement des populations vers les centres urbains où se concentrent les populations, que leur étalement qui occupe les espaces. Toutefois, le mode de vie par l’élevage et l’agriculture ne peuvent être exponentiels.

                      J’ai apprécié cette citation vers la fin :
                       » Nous avons des émotions paléolithiques, des institutions médiévales et une technologique divine.
                      Et c’est terriblement dangereux, on s’approche maintenant d’un point de crise globale. » Edward O. Wilson. 2009.

                      Virginie Courtier-Orgogozo suggère que chacun prenne conscience de ses biais pour agir sur soi et le monde en fonction de nos responsabilités respectives.
                      Ma question : Comment le faire autrement qu’en facilitant les échanges transversaux entre les disciplines et entre tous les publics ? C’est la raison pour laquelle j’invite à participer à toutes sortes de conférences et à venir partager avec tous les publics dans les cafés philo. C’est là qu’ont lieu des échanges selon la diversité des publics présents.

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                      Ps : voir le sujet suivant ou précédant en parcourant le fil de ce forum dédié aux théories sérieuses sur l’évolution darwinienne.
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                      René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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                      René
                      Maître des clés

                        L’analyse géopolitique des conflits d’Alexandre Del Valle croise plusieurs regards :
                        – les rapports de forces militaires et industriels dans un monde « globalisé » économiquement.
                        – les rapports entre les populations et leur gouvernement (et inversement, entre les gouvernements et leurs populations)
                        – + les idéologies identitaires, nationalistes, souverainistes, mais aussi religieuses et universalistes qui s’y confrontent.

                        —————————
                        Ps : voir le sujet suivant ou précédant en parcourant le fil de ce forum (les news retenues sur quinze jours ou un mois.)
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                        René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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                        René
                        Maître des clés

                          Une prise de notes :
                          Il y a quatre types de crimes lorsqu’un État ne protège pas sa population
                          – Crime de guerre (attaques, tuerie non justifiées par les nécessités de la guerre)
                          – Crime contre l’humanité
                          – Crime de purification ethnique
                          – Crime de génocide
                          Voir ici, le chap. 7 de l’ONU

                          Le Conseil de Sécurité peut alors activer la responsabilité de protéger.

                          La guerre juste de St Thomas d’Aquin revient à qualifier de guerre humanitaire, celles qui sont aujourd’hui soutenues ou déclenchées par les pays démocratiques.

                          Qui décide du juste ?
                          La médiation avant tout.
                          La réponse proportionnée.
                          La guerre comme dernier recours
                          Les chances raisonnables de succès

                          La situation créée par la guerre est-elle meilleure que celle antérieure la guerre ?
                          Rony Brauman prend comme exemple, la guerre lancée par la France contre la Libye.

                          Question pascalienne : Pourquoi la force, au niveau de l’ONU, trahit le juste, c’est-à-dire, les Droits Humains, qu’elle-même promulgue ?

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                          Ps : voir le sujet suivant ou précédant en parcourant le fil de ce forum (les news retenues sur quinze jours ou un mois.)
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                          René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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                          René
                          Maître des clés

                            Quelles questions vous suggère le déséquilibre de la médiatisation en France de la guerre israëlo-palestinienne ?

                            Ci-dessous, accéder à l’article du Courrier, ici.

                            ———–
                            Pour terminer cette petite page sur le déséquilibre du traitement de l’info pour cette guerre,
                            voir ici, une analyse très pertinente par Crazy Sally (TikTok).

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                            René Guichardan, café philo d’Annemasse.
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                            René
                            Maître des clés

                              Dr. Amine Umlil, pharmacien, ancien responsable du service de pharmacovigilance de l’hôpital de Cholet avait été révoqué, pour avoir alerté sur les dangers de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement et sur les risques que présentent les « vaccins » anti-Covid.
                              Or, il a seulement repris les termes officiels des rapports pharmaceutiques du gouvernement, qu’il a mis en rapport avec leurs déclarations publiques et leurs décisions politiques. De fait, les ministres tenaient une sorte de double langage : d’une part, par les écrits, ils savaient que la vaccination ne protégeait pas, d’autre part, ils obligeaient, par le pass sanitaire, à la vaccination.

                              Autre élément de cette convocation, pourquoi le Dr Amine Umlil est-il révoqué par une ministre, alors que les magistrats et l’ordre des pharmaciens ne sont pas prononcés sur son jugement ?

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                              Ps : voir le sujet suivant ou précédant en parcourant le fil de ce forum (les news retenues sur quinze jours ou un mois.)
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                              René
                              Maître des clés
                                Compte rendu : De quel nom est le spectacle de notre société ?

                                Nous étions une quinzaine de participants.

                                Une note préalable.
                                Le thème de la société du spectacle a été débattue à chaud (sans préparation) deux semaines plus tôt, le but de Mickaël était alors d’introduire le sujet sous un autre angle et surtout, en le préparant de sorte à clarifier certains concepts. Il a ainsi mis en contexte l’œuvre de Guy Debord par rapport à l’art et au mouvement Situationniste. Je ne vais donc pas reprendre tout ce que nous avons dit sur la Société du Spectacle, que l’on peut retrouver ici, mais souligner deux difficultés liées à l’aliénation et à la possibilité de s’en extraire : que signifie être « totalement aliéné » ? Est-ce possible ? Peut-on y résister ? Comment s’en sortir ? L’art est-il une réponse/résistance suffisante à l’aliénation ?

                                Que signifie être « totalement aliéné » ?
                                Il est possible que l’on ne puisse pas se représenter à quel point nous sommes le produit de la société. Nous le sommes en effet à tous les niveaux, dans la production des marchandises, dans notre manière de concevoir le temps, l’espace, nos projets de vie. Tout ce que nous accomplissons passe par des objets marchands, dont nous sommes devenus par glissements successifs, du conscient jusqu’à nos rêves les plus inconscients, des objets. Si l’on devait faire une comparaison avec Hegel, qui voit l’avènement de l’esprit se conscientiser dans le travail au fur et à mesure où l’être humain transforme le monde et se transforme, avec l’Internationale Situationniste et Guy Debord, la dialectique s’est inversée. La société marchande a emprisonné l’esprit (la conscience) dans la marchandisation de l’être, elle le rend étranger à lui-même, il devient un spectateur de sa vie, éloigné de la possibilité d’en devenir l’auteur. Il est aliéné en ce sens qu’il n’a plus accès à lui-même, la conscience de soi et de son devenir sont captifs de la totalité du monde, transformé lui-même en marchandise. Autrement dit, nous baignons dans le consumérisme comme des poissons dans l’eau, qui ne peuvent alors remettre l’eau en question, puisque leur vie en dépend. Mais n’avons-nous pas toujours été spectateurs de notre vie ?

                                L’idée présupposée, disons avant Marx et l’ère industrielle, est que le citoyen (et l’être humain en général) pouvait être acteur de la société en ce sens qu’il pouvait en penser le projet. Dans le passé, nous avions un avenir, nous pouvions espérer un monde meilleur. Aujourd’hui, il y a deux écueils :
                                – la question des ressources qui se raréfient : les terres arables, la qualité des eaux, les minerais, l’énergie, la biodiversité, etc. (les maux liés à notre mode de vie.)
                                – personne ne semble imaginer un avenir soutenable, enviable et désirable dans un monde sans croissance, d’où une sorte d’emballement extraordinaire : toujours plus de rivalité et de violence, comme pour s’anéantir dans une autodestruction, plutôt que de se remettre en question.

                                Cette incapacité à imaginer un autre monde résulte de l’aliénation et de ses limites. De fait, il y a une résistance parmi certains participants qu’il importe de mettre à jour. Certains imaginent qu’il faut rester positifs et/ou qu’il y aura toujours des solutions. Le positivisme va-t-il nous aider ?

                                Il ne s’agit pas de penser qu’il n’y a pas d’espoir, ni d’imaginer qu’il nous suffit d’être positif. Ce n’est pas non plus une question de culture ou de religion en lesquels on pourrait trouver un réconfort. La question n’est pas personnelle ni individuelle. S’il convient que chacun fasse le nécessaire pour préserver son équilibre ou même pour trier ses déchets, le problème du monde et de notre survie est mondial. Il est systémique et se situe à des niveaux d’échelle collectifs, régionaux, nationaux et internationaux.
                                Guy Debord fait référence à une société sans avenir désirable et heureux en raison de son modèle consumériste. L’aliénation est si complète, le rapport marchand et de production est si omniprésent, la financiarisation de la planète et des biens si omnipotents, que nous ignorons ce que peut être un projet de vie qui ne passe pas par l’achat de marchandise. Précisément, le repli sur le positivisme, sur sa prière intérieure ou dans le recoin de son jardin relève du réflexe de survie dans un monde qui n’a plus de rêve commun. Sortir du spectacle, cela veut dire, redevenir acteur de sa vie et de la vie en général. La radicalisation des rapports de concurrences se mondialise aujourd’hui en conflits armés géostratégiques. Jusqu’à quel terme cette phase d’autodestruction doit-elle s’engager avant qu’il y ait un sursaut de conscience ? Combien de morts et de désastres avant de tout arrêter pour « penser » ? Nul ne le sait, car à l’échelle des organisations, des industries et des gouvernements, personne n’envisage être le premier à payer le prix de son propre questionnement. Donc, oui, il y a de l’espoir, car le pire n’est jamais certain. Mais quel est le prix à payer pour préférer la paix et mettre en avant une médiation et davantage de justice pour penser le tournant civilisationnel de notre époque ?

                                Il y a donc une sorte de résistance à voir jusqu’où nous sommes « aliénés », le positivisme et le repli en soi dans son jardin ou dans la forêt apparaissent comme des replis, voire des laisser-faire, des dispersions, sinon comme un déni de la réalité. Quelle autre réponse ?

                                Réponse et des questions pour conclure :
                                C’est l’angle mort de l’approche Deborienne et de l’Internationale Situationniste. La puissance artistique est évocatrice (voir les slogans ci-dessous), mais la mise en pratique de l’Internationale Situationniste se heurte à l’appareil des partis, aux politiques, aux économies d’échelle, à la toute-puissance des États, aux multinationales, etc.. C’est peut-être à nouveau où trébuchent les consciences. Jusqu’où, chacun de nous porte-t-il en lui un projet d’émancipation par rapport à la société, potentiellement toujours aliénante en raison des contraintes et des pouvoirs qui s’exercent sur elle (économiques, politiques, familiaux et leurs normes, lois, codes, habitus).
                                Hannah Arendt envisageait trois modes d’activité humaine, celle où l’être humain satisfait à ses besoins essentiels (biologie), celle où il transforme le monde par la technique et celle où il fait « politique » entendu au sens large, c’est-à-dire, celle où il est un citoyen en interaction avec d’autres citoyens. Mais de son point de vue, aucune de ces actions n’est supposée être en contradiction avec sa voisine. Autrement dit, la satisfaction de ses besoins premiers et l’économie ne sont pas supposées nous asservir et/ou nous contraindre au point où nous en perdons notre liberté créatrice, notre capacité citoyenne et l’idée d’une quête artistique ou du sens de la vie. Chacun de nous est concerné par les différentes dimensions de la vie, se nourrir, contribuer à une société habitable, œuvrer comme citoyen et faire œuvre de « conscience ».
                                Peut-être chacun doit-il faire l’examen de la pensée par laquelle il se croit obligé d’entretenir, de se soumettre et de se compromettre à ce monde pourtant devenu inacceptable par sa violence politique et économique ?

                                Des ressources au cas où :
                                Si l’on croit que l’on ne peut échapper à la compétition économique, voir éventuellement :
                                Benjamin BRICE, docteur en sciences politiques de l’EHESS. La concurrence, quoi qu’il en coûte. Elucid Média
                                Katharina Pistor, professeure de droit comparé a enseigné à la Harvard Law School et au Max Planck Institute. La Fabrique de l’inégalité. Elucid Média.
                                Jacques de Larosière a été directeur général du FMI, et gouverneur de la Banque de France. Les ravages de la finance. Sur Elucid Média.
                                La domination bourgeoise. Nicolas Framont.

                                Si l’on croit que l’écologique propose trop de contraintes pour une démocratie, voir éventuellement :
                                Joelle Zask : Ecologie et démocratie. Université Nantes.
                                Leçon inaugurale de Joëlle Zask. Université Louvain-La-Neuve. Approfondir les théories pragmatiques de la démocratie.
                                Entretien radio : Joëlle Zask : La démocratie, un mode de vie durable
                                Mais qu’est-ce qu’est vraiment la démocratie ? Barbara Stiegler sur Radio Sud.

                                Par rapport au travail :
                                Yves Clot. « La gauche se trompe quand elle parle du travail »
                                Qualité du travail et conflictualité. Yves Clot.
                                Que sait-on du travail ? Etat des lieux 2023. Science Po

                                L’interview de l’historienne Anna Trespeuch-Berthelot, auteur de l’ouvrage « L’Internationale situationniste. Cliquer ici. Durée 54mn

                                Des slogans de l’International situationniste et de 68

                                René
                                Maître des clés

                                  Alain Gresh, ex.journaliste au Monde Diplo et Omar Alsoumi (de l’association Urgence Palestine) répondent à une interview consacrée à la situation humanitaire en Palestine, aux enjeux historiques autour de la colonisation israélienne et aux perspectives politiques pour le peuple palestinien.

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                                  Ps : voir le sujet suivant ou précédant en parcourant le fil de ce forum (les news retenues sur quinze jours ou un mois.)
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                                  René Guichardan, café philo d’Annemasse.
                                  > Lien vers les sujets du café philo d’Annemasse, ici.
                                  – Le café philo à la Maison Rousseau Littérature à Genève, le premier vendredi du mois, c’est ici.
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                                  Ici, nous postons des cours, interviews, conférences dont nous avons apprécié la consistance philosophique
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